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1676Je vous plains fort pour les maux que la guerre fait à vos sujets ; mais je ne plains guère les Bretons en général, qui sont assez fous pour s’attirer mal à propos l’indignation d’un aussi bon maître que le nôtre. Je voudrois bien pouvoir aller à Paris comme vous, ou que vous eussiez affaire à Bourbilly pour deux ou trois mois.

Adieu, ma belle cousine : si vous trouvez du plaisir à m’appeler comte, ne vous en contraignez pas ; je veux bien être votre comte[1], de tous les sens dont vous le pouvez entendre.

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491. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CHARLES
DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
Aux Rochers, dimanche 12e janvier.
de madame de sévigné.

Vous pouvez remplir vos lettres de tout ce qu’il vous plaira, et croire que je les lis toujours avec un grand plaisir et une grande approbation : on ne peut pas mieux écrire, et l’amitié que j’ai pour vous ne contribue en rien à ce jugement.

Je ne dis plus mon chapelet : à mesure que je suis avancée dans l’envie d’être dévote, j’ai retranché cette dévotion, ou pour mieux dire cette distraction.

Vous me ravissez d’aimer les Essais de morale : n’avois-je pas bien dit que c’étoit votre fait ? Dès que j’eus commencé à les lire, je ne songeai plus qu’à vous les envoyer ; car vous savez que je suis communicative, et que je n’aime point à jouir d’un plaisir toute seule. Cette règle seroit bonne à introduire parmi les amants, au lieu d’être

  1. Il y a conte (comme on écrivait alors pour compte), dans la copie de Bussy.