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488. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CHARLES
DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
Aux Rochers, dimanche 5e janvier.
de madame de sévigné.

Les voilà toutes deux, ma bonne ; elles sont en vérité les très-bien venues. Je n’en reçois jamais trois à la fois ; j’en serois fâchée, parce que je serois douze jours à les attendre : c’est bien assez de huit ; mais peut-on être surchargée de cette lecture, ma bonne ? ce n’est pas une chose possible, c’est de celle-là qu’on ne se lasseroit jamais ; et vous-même, qui vous piquez d’inconstance sur ce chapitre, je vous défierois bien de n’y être pas attentive, et de n’aller pas jusqu’à la fin. C’est un plaisir dont vous êtes privée, et que j’achète bien cher ; je ne conseille pas à M. de Grignan de me l’envier. Il est vrai que les nouvelles que nous recevons de Paris sont charmantes ; je suis comme vous, jamais je n’y réponds un seul mot ; mais pour cela je ne suis pas muette : l’article de mon fils et de ma fille suffit pour rendre notre commerce assez grand ; vous l’aurez vu par la dernière lettre que je vous ai envoyée.

D’Hacqueville me recommande encore le secret que je vous ai confié, et que je vous recommande à proportion[1]. Il me dit que jamais la Provence n’a tant fait parler d’elle : il a raison ; je trouve cette assemblée de noblesse un coup de partie. Vous ne pouvez pas douter que je ne prenne un grand intérêt à ce qui se passe autour de vous quelles

  1. LETTRE 488. — Tel est le texte de 1754. Il y a tout autre chose dans l’édition de 1734 (ce passage manque dans celles de 1726) : « Vous l’aurez vu par la dernière lettre que je vous ai envoyée : la plupart commencent par accuser la réception de la mienne, ou dire qu’elle n’est point encore arrivée. M. de Pompone dit que jamais la Provence, etc. »