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1676 Cependant je viens de me raviser, et j’ai cru qu’en ne vous mandant point de nouvelles, qui assurément ne le seroient plus quand vous les recevriez, je pourrois vous écrire toute autre chose. Ce n’est pas que je n’aie un événement à vous mander c’est le mariage de ma fille de Bussy avec le marquis de Coligny d’Auvergne et quoiqu’elle soit peut-être accouchée quand vous recevrez ma lettre, et que cela vous puisse faire faire des jugements téméraires, mille raisons m’obligent de vous le mander, et je vous prierai seulement, pour la justification de la marquise, d’examiner les dates, de ne tirer aucune conséquence de ce que vous aurez appris le mariage et les couches presque en même temps, et de ne pas confondre tant de rares merveilles. Mais à propos de couches, vous vous souvenez bien de la lettre que vous m’avez promise, dès que vous auriez appris que je serois grand-père [1]. Je m’attends à un opéra [2].

Adieu, Madame je vous assure que je vous aime bien; faites-moi réponse; je languirai un peu en l’attendant, car je ne la pourrai guère recevoir avant l’année qui vient; mais, comme vous savez, de toutes les bonnes choses il vaut mieux tard que jamais.

  1. LETTRE 487. 1. Voyez la fin de la lettre du 10 mai 1675, tome III, p. 449.
  2. A un chef-d’œuvre. C’est ainsi qu’on lit dans le menu du dîner de Damis, acte IV, scène I, du Bourgeois gentillhomme : « Et pour son opéra, d’une soupe à bouillon perlé. Voyez les Nouvelles remarques du P. Bouhours, où il est dit (deuxième édition, 1676, p. 174) « Opéra se prend aussi pour une chose excellente et pour un chef d’œuvre. » ....C’est une « allusion aux grandes comédies italiennes, que les comédiens apprennent par cœur, et qu’on nomme opéra pour les distinguer des farces et des autres petites comédies, que les comédiens concertent ensemble sans rien apprendre par cœur et sans rien écrire. »
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