Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/322

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 316 —


1676 prévois pas même que nous nous séparions; mais la peur que j’en eus d’abord me donna du chagrin, qui me fit songer à vous et vous plaindre plus que je ne faisois. Je savois donc, il y avoit longtemps, qu’il étoit bien rude de se séparer de ce qu’on aimoit fort; mais je ne savois pas encore combien il étoit cruel de se séparer de ce qu’on aimoit fort et de ce qu’on devoit fort aimer. Je viens de l’apprendre par l’appréhension seulement, et cela me fait croire que ce seroit pour moi une peine mortelle, si c’étoit une séparation effective. J’ai des raisons encore d’attachement que vous n’avez pas ma fille a été toute ma consolation dans ma disgrâce, et elle me tient aujourd’hui lieu de fortune. J’aime bien mes autres enfants, comme vous aimez fort M. de Sévigné, mais assurément nos deux filles sont hors du pair. Adieu, ma chère cousine voici une lettre bien paternelle une autre fois vous en aurez une de moi qui sera plus badine-et plus tendre pour vous.

_________

487. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN

A MADAME DE GRIGNAN.

Le même jour que j’écrivis cette lettre, j’écrivis celle-ci à Mme de Grignan.

A Bussy, ce 3e janvier 1676.

JE vous avois promis de vous écrire en Provence, et je me l’étois promis à moi-même, quand vous partîtes de Paris mais depuis, faisant réflexion à la longueur du temps que ma lettre mettroit à aller jusqu’à vous, je changeai de dessein; car enfin il faut qu’elle aille de Bourgogne à Paris, de Paris en Bretagne, qu’elle revienne de Bretagne à Paris, et qu’elle aille de là en Provence.