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1675et très parfaitement aimée. M. de Grignan veut-il me baiser ?


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1676
485. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CHARLES
DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
Aux Rochers, le premier jour de l’an 1676.
de madame de sévigné.

Nous voilà donc à l’année qui vient, comme disoit M. de Montbazon[1] ; car il n’y a point de naïveté qu’on ne lui fasse dire. Ma très-chère, je vous la souhaite heureuse ; et si vous croyez que l’assurance de la continuation de mon amitié entre dans la composition de ce bonheur, vous pouvez y compter sûrement.

Voilà une lettre de d’Hacqueville, qui vous apprendra l’agréable succès de nos affaires de Provence ; il surpasse de beaucoup mes espérances : vous aurez vu où je me bornois, par les lettres que je reçus il y a peu de jours et que je vous envoyai. Voilà donc cette grande épine hors du pied ; voilà cette caverne de larrons détruite ; voilà l’ombre de M. d’Oppède conjurée ; voilà le crédit de la cabale évanoui, voilà l’insolence terrassée : enfin j’en dirois d’ici à demain. Mais, au nom de Dieu, soyez modestes dans votre victoire : voyez ce que dit le bon d’Hacqueville ; la politique et la générosité vous y obligent. Vous savez ce qu’il vous en coûta pour le syndic d’avoir eu la langue trop longue. Vous verrez aussi comme je trahis son secret pour vous, ma bonne, par le plaisir de vous faire voir le dessous des cartes qu’il a

  1. LETTRE 485 (revue en très-grande partie snr une ancienne copie). — Voyez Tallemant des Réaux, tome IV, p. 471 et suivante.