mée de la grosseur des caractères que de la bonté du style : c’est la seule chose que je consulte pour mes livres du soir. Adieu, ma très-chère enfant ; vous êtes ma véritable tendresse, et tout ce qui me plaît le plus au monde : il ne me faut qu’un doigt pour compter ce qui est sur ce ton-là.
À MADAME DE GRIGNAN.
Voilà qui est réglé, ma très-chère : je reçois deux de vos lettres à la fois, et il y a un ordinaire où je n’en ai point de vous : il faut savoir aussi la mine que je lui fais, et comme je le traite en comparaison de l’autre. Je suis comme vous, ma fille : je donnerois de l’argent pour avoir la parfaite tranquillité du Coadjuteur sur les réponses, et pouvoir les garder dans ma poche deux mois, trois mois, sans m’en inquiéter ; mais nous sommes si sottes, que nous avons ces réponses sur le cœur ; il y en a beaucoup que je fais pour les avoir faites ; enfin c’est un don de Dieu que cette noble indifférence. Mme de Langeron[1] disoit sur les visites, et je l’applique à tout : « Ce que je fais me fatigue, et ce que je ne fais pas m’inquiète. » Je trouve cela très-bien dit, et je le sens. Je fais donc à peu près ce que je dois, et jamais que des réponses : j’en suis encore là. Je vous donne avec plaisir le dessus de tous les paniers, c’est-à-dire, la fleur de mon esprit, de ma tête, de mes yeux, de ma plume, de mon écritoire ; et puis le reste va comme il peut. Je me divertis autant à causer avec vous, que je laboure avec
- ↑ LETTRE 473. — Voyez tome III, p. 402, note 8.