Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 250 —


1675ma fille, sans préjudice de Josèphe, que je souhaite que vous acheviez, et mandez-moi si vous ne trouvez pas ce petit livre digne du premier, que vous avez approuvé. Mlle de Méri est revenue de la Trousse ; je m’en réjouis pour vous : elle est fort embarrassée pour une maison : ceci est un peu vous parler des vaisseaux et des galères ; mais vous savez que je cause.

N’ayez pas peur que je mande à Paris ce que vous m’avez écrit touchant vos affaires de Provence. Comme je suis assurée que la moindre plaisanterie fâcheroit M. de Pompone, je me garderois bien d’en écrire un seul mot, ni même à d’Hacqueville, qui a les mêmes sentiments. C’est samedi, jour de saint André, que l’on fera votre consul ; je me souviens de cette fête, et j’admire que vous ayez réussi à y faire ce que vous voulez, pêle-mêle avec ceux qui m’en paroissent les patrons. C’est que vous êtes fort aimés : nous sommes étonnés de voir qu’en quelque lieu du monde on puisse aimer un gouverneur. Nos députés, qui étoient courus si extravagamment porter la nouvelle du don, ont eu la satisfaction que notre présent a été reçu sans chagrin[1] ; et contre l’espérance de toute la province, ils reviennent sans rapporter aucune grâce. Je suis accablée des lettres des états : chacun se presse de m’instruire ; ce commerce de traverse me fatigue un peu. On tâche d’y réformer les libéralités et les pensions, et l’on reprend de vieux règlements qui couperoient tout par la moitié ; mais je

  1. La Gazette du 23 novembre annonce que les députés des états de Bretagne eurent audience du Roi, le 21, à Saint-Germain en Laye, et que l’évêque de Saint-Malo « ayant par un discours fort éloquent demandé pardon à Sa Majesté de tous les désordres qui s’étoient passés dans cette province, Elle reçut ces marques de la soumission et de la fidélité de ces états, avec toute la bonté qu’ils s’étoient promis de sa clémence. » —Voyez ci-dessus, p. 238, note 14.