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1675avez le teint beau, si vous n’avez point mal à vos belles dents : mon Dieu, que je voudrois bien vous voir et vous embrasser !

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468. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
Aux Rochers, dimanche 17e novembre.

Je mets sur votre conscience, ma chère fille, tout le bien que vous dites de moi. Vous avez fait un portrait de moi à l’Intendant, qui me flatte beaucoup ; mais je vous avoue que j’aimerois mieux avoir votre estime et votre approbation sincère que celle de tout le reste du monde, dont on m’a tant voulu flatter autrefois. Je trouve qu’on ne souhaite l’estime que de ceux que nous aimons et que nous estimons : c’est une grande peine que de croire n’être pas dans ce degré ; et par la même raison, jugez de mes sentiments sur ce que vous me dites.

Je vous ai mandé comme Mme de Vins m’a écrit joliment sur la jalousie qu’elle a de Mme de Villars[1] : jamais vous n’avez vu un si joli fagot d’épines. Je lui ai fait réponse, et je lui écrirai dans quelque temps ; car elle est si tendre que je craindrois qu’elle ne prît trop à cœur une seconde apparence d’oubli. Pour son mari, vous lui faites grâce de croire que ce soient les ordres de Pologne[2] qui l’aient empêché de venir ici : ce sont des ordres qu’il re-

  1. Lettre 468 (revue en partie sur une ancienne copie). — Voyez la lettre du 3 novembre précédent, p. 211.
  2. Sans doute les ordres de Monsieur de Marseille, qui, comme nous l’avons vu, était alors ambassadeur extraordinaire en Pologne.