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1675pourriez vous laver, que de ne pas finir Josèphe : hélas si vous saviez ce que j’achève, et ce que je souffre du style du jésuite[1], vous vous trouveriez bien heureuse d’avoir à finir un si beau livre.

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465. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME ET À MONSIEUR DE GRIGNAN.


À MADAME DE GRIGNAN.


QUelle lettre, ma très-bonne : quels remerciements ne vous dois-je point d’avoir employé votre main, vos yeux, votre tête, votre temps à me composer un aussi aimable livre ! Je l’ai lu et relu, et le relirai encore avec bien du plaisir et bien de l’attention : il n’y a nulle lecture où je puisse prendre plus d’intérêt ; vous contentez ma curiosité sur tout ce que je souhaitois et j’admire votre soin à me faire des réponses si ponctuelles : cela fait une conversation toute réglée et très-délicieuse : mais, ma bonne, en vérité, ne vous tuez pas : cette crainte me fait renoncer au plaisir d’avoir souvent de pareils divertissements.Vous ne sauriez douter qu’il n’y ait bien de la générosité dans le soin que je prends de vous ménager sur l’écriture. Je comprends avec plaisir la considération de M. de Grignan dans la Provence, après ce que j’ai vu. C’est un agrément que vous ne sentez plus : vous êtes trop accoutumés d’être honorés et aimés dans une province où l’on commande.

Si vous voyiez l’horreur, la détestation, la haine qu’on

  1. Le P. Maimbourg. Voyez ci-dessus, p. 134 et 137.