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1675Il faut toujours en revenir à cette chanson. Mandez-moi ce que vous savez de ce prélat, afin que je lui fasse réponse quand il sera en Provence [1].

J’attends de vos nouvelles avec impatience. Je sens le chagrin que vous avez eu de quitter votre château, et votre liberté, et votre tranquillité : le cérémonial est un étrange livre pour vous. Adieu, ma très-chère et trop aimable ; je suis entièrement à vous, et vous embrasse de tout mon cœur avec une tendresse infinie. Si M. de Grignan a le loisir de s’approcher, je l’embrasserai aussi, et lui demanderai des nouvelles de sa santé. Je suis au désespoir de n’être point en lieu de vous pouvoir rendre service à tous deux : c’est là ma véritable tristesse. Votre Provence est d’une sagesse et d’une tranquillité qui fait voir que toutes les règles de la physionomie sont fausses.

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463. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
Aux Rochers, mercredi 30e octobre.

Mon Dieu, ma fille, que votre lettre d’Aix est plaisante ! Au moins relisez vos lettres avant que de les envoyer ; laissez-vous surprendre à leur agrément, et consolez-vous par ce plaisir de la peine que vous avez d’en tant écrire. Vous avez donc baisé toute la Provence : il n’y auroit pas de satisfaction à baiser toute la Bretagne, à moins que l’on n’aimât à sentir le vin. Vous avez bien

    de l’acte III ; la première fois les verbes sont à la seconde personne : goûtez…. ne soyez pas….

  1. Après ces mots, on lit dans notre manuscrit, où la suite de la lettre manque, deux lignes qui ont été biffées, et que voici : « Je ne saurois croire que Mlle de Méri se résolve bien, loin de tous. »