1675
au comte de bussy rabutin
Deux jours après que j’eus écrit cette lettre à Mme de Sévigné, j’en reçus une d’elle, datée du même jour que la mienne, qui étoit la réponse à celle que je lui avois écrite du 15e juillet (voyez tome III, p. 516).
Je ne vous parle plus du départ de ma fille, quoique j’y pense toujours, et que je ne puisse jamais bien m’accoutumer à vivre sans elle ; mais ce chagrin ne doit être que pour moi.
Vous me demandez où je suis, comment je me porte, et à quoi je m’amuse. Je suis à Paris, je me porte bien, et je m’amuse à des bagatelles. Mais ce style est un peu laconique, je veux l’étendre. Je serois en Bretagne, où j’ai mille affaires, sans les mouvements qui la rendent peu sûre. Il y va quatre mille hommes commandés par M. de Fourbin[1]. La question est de savoir l’effet de cette punition. Je l’attends, et si le repentir prend à ces mutins, et qu’ils rentrent dans leur devoir, je reprendrai le fil de mon voyage, et j’y passerai une partie de l’hiver.
J’ai eu bien des vapeurs, et cette belle santé, que vous avez vue si triomphante, a reçu quelques attaques dont je me suis trouvée humiliée, comme si j’avois reçu un affront.
Pour ma vie, vous la connoissez aussi. On la passe avec cinq ou six amies[2] dont la société plaît, et à mille devoirs à quoi l’on est obligé, et ce n’est pas une petite affaire ; mais ce qui me fâche, c’est qu’en ne faisant rien