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1675 ma très-chère et très-aimable enfant : on ne peut imaginer plus de tendresse que j’en ai pour vous.

441. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Paris, vendredi 6e septembre.

Je pars, ma chère bonne, avec la dernière tristesse de m’éloigner encore davantage de vous, et de voir pour quelques jours notre commerce dégingandé[1]. Pour achever l’agrément de mon voyage, Hélène ne vient pas avec moi : j’ai tant tardé, qu’elle est dans son neuf[2]. J’ai Marie, qui jette sa gourme, comme vous savez ; mais ne soyez point en peine de moi, je m’en vais un peu essayer de n’être pas si fort servie à ma mode, et d’être un peu dans la solitude ; j’aimerai à connoître la docilité de mon esprit, et je suivrai les exemples de courage et de raison que vous me donnez. Mme de Coulanges ne fait-elle pas aussi des merveilles de s’ennuyer à Lyon ? Ce seroit une

  1. LETTRE 441. — Dans l’édition de la Haye (1726) la lettre est datée du lundi 27, et dans celle de Rouen, ainsi que dans la première de Perrin, du lundi 2 septembre. Dans sa seconde édition, Perrin a ainsi arrangé la première phrase : « Je vous regrette, ma chère enfant, et cette rage de m’éloigner encore de vous, et de voir pour quelques jours notre commerce dégingandé, me donne une véritable tristesse. » Notre texte est celui de la Haye (1726) et de Perrin (1734). L’édition de Rouen a remplacé dégingandé par interrompu.
  2. Être dans le neuf, dans son neuf, c’est-à-dire dans le neuvième mois de sa grossesse, est une locution du temps, que donne encore la dernière édition (1835) du Dictionnaire de l’Académie. Dans les impressions de la Haye (1726) et de Perrin (1734) il n’est question ni d’Hélène, ni de Marie ; ce commencement de phrase est réduit à ce peu de mots : « Je laisse un de mes principaux domestiques malade. » Dans l’édition de Rouen (1726), on lit : « Je laisse une partie de mes domestiques malades ; mais je vais essayer…. »