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voudroit bien donner son guidon pour être colonel du régiment de Champagne[1], M. de Grignan l’a été ; mais toutes nos bonnes têtes ne sont pas trop d’avis d’augmenter la dépense de quinze ou seize mille livres dans le temps où nous sommes. Il est revenu une grande quantité de monde avec le Roi : le grand maître[2], MM. de Soubise, Termes, Brancas, la Garde, Villars, le comte de Fiesque. Pour ce dernier, on est tenté de dire : di cortesia piu che di guerra amico[3] ; il n’y avoit pas un mois qu’il étoit arrivé à l’armée : cela vise au garçon pâtissier[4]. M. de Pompone dit qu’on ne peut jamais souhaiter la bataille de meilleur cœur, ni vouloir être au premier rang plus résolûment ni de meilleure grâce que le Roi, lorsqu’on crut qu’on seroit obligé de la donner à Limbourg. Il nous conta des choses admirables de la manière dont Sa Majesté vivoit avec tout le monde, et surtout avec Monsieur le Prince et Monsieur le Duc : tous ces détails sont fort agréables à entendre.

Au reste, ma fille, cette cassolette est venue ; elle ressemble assez à un jubilé[5] : elle pèse plus et est beaucoup moins belle que nous ne pensions. C’est une antique, qui s’appelle donc une cassolette ; mais rien n’est plus mal travaillé ; cependant c’est une vraie pièce à mettre à Grignan, et nullement à Paris. Notre bon cardinal a fait de cela comme de sa musique, qu’il loue, sans s’y connottre. Ce qu’il y a à faire, c’est de l’en remercier tout bonnement, et ne lui pas donner la mortification de croire que

  1. 7. Sévigné ne put avoir ce régiment : voyez la lettre du 7 août.
  2. 8. Le comte, bientôt duc, du Lude, grand maître de l’artillerie. Voyez la lettre du 31 juillet suivant, p. 539, et tome II, p. 134, note 2.
  3. 9. Plus ami de la galanterie que de la guerre.
  4. 10. À l’oublieux ? Voyez la note 8 de la lettre du 6 novembre 1673.
  5. 11. Voyez ci-dessus, p. 524.