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on a descendu cette châsse : c’était pour faire cesser la pluie, et pour demander le chaud[1]. L’un et l’autre étoient arrivés au moment qu’on a eu ce dessein, de sorte que, comme c’est en général pour nous apporter toutes sortes de biens, je crois que c’est à elle que nous devons le retour du Roi. Il sera ici dimanche ; je vous manderai mercredi tout ce qui se peut mander.

M. de la Trousse mène un détachement de six mille hommes au maréchal de Créquy, pour aller joindre M. de Turenne ; la Fare et des autres[2] demeurent avec les gendarmes-Dauphin dans l’armée de Monsieur le Prince. Voici des dames qui attendent leurs maris au prorata de leur impatience. L’autre jour, Madame et Mme de Monaco prirent d’Hacqueville à l’hôtel de Gramont, pour s’en aller courir les rues incognito, et se promener aux Tuileries. Comme Madame n’est point sur le pied d’être galante, elle se joue parfaitement bien de sa dignité. On attend à toute heure Madame de Toscane : c’est encore un des biens de la châsse de sainte Geneviève.

Je vis hier une de vos lettres entre les mains de l’abbé de Pontcarré : c’est la plus divine lettre du monde ; il


    saint Marcel étoit très-belle et très-riche ; celle de sainte Geneviève l’étoit encore plus, y ayant de grosses perles, rubis et émeraudes en grande quantité, qui avoient été donnés par la feue reine Marie de Médicis. »

  1. 6. Les pluies duraient depuis plus de deux mois, dit la Gazette, et ruinaient tous les biens de la terre. « Les prières publiques eurent dès le même jour (12 juillet) tout le succès qu’on en pouvoit souhaiter, par un temps des plus favorables et qui a toujours paru plus beau. » En conséquence la procession se fit « pour rendre solennellement grâces à Dieu. »
  2. 7. Tel est le texte de l’édition de 1754, la première qui donne cette lettre. À cette tournure elliptique, les éditeurs suivants ont substitué : « les autres. » — La Fare était sous-lieutenant des gendarmes-Dauphin : voyez plus haut, p. 201, note 6.