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1675

Réponse au 19e juin[1].

Je reçois, ma bonne, votre lettre qui m’apprend la maladie du pauvre petit marquis ; j’en suis extrêmement en peine ; et pour cette saignée, je ne comprends pas qu’elle puisse faire de bien, avec l’agitation qu’elle donne à un enfant de trois ans. De mon temps, on ne savoit ce que c’étoit que de saigner un enfant. Mme de Sanzei[2] s’est opiniâtrée à ne point faire saigner son fils : elle lui a donné tout simplement de la poudre à vers ; il est guéri. Je crains que l’on ne fasse de notre enfant, à force de l’honorer, comme on fait des enfants du Roi et de ceux de Monsieur le Duc[3]. Je n’aurai aucun repos, ma bonne, que je ne sache la suite de cette fièvre. Je vous plains bien, et M. de Grignan ; dites-lui l’intérêt tout particulier que je prends à son inquiétude et à la vôtre.

Pour ce que vous me dites de l’avenir touchant Monsieur le Cardinal, il est vrai que je l’ai vu fort possédé de l’envie de vous témoigner en grand volume son amitié, quand il aura payé ses dettes. Ce que je vous ai écrit est pour m’obliger à lui témoigner en votre absence la reconnoissance que j’en ai pour vous[4] ; mais comme il y a

  1. 21. Au lieu de ces mots, on lit dans l’édition de la Haye : « Paris, le 19 juin 1675. »
  2. 22. « Mme de Faure. » (Édition de la Haye, 1726.)
  3. 23. « Je crains qu’on ne fasse mourir votre enfant, à force de le choyer, comme l’on fait les enfants du Roi et de Monsieur le Duc. (Ibidem.) — Monsieur le Duc (d’Enghien) venoit de perdre deux de ses enfants, à peu de jours l’un de l’autre. (Note de Perrin.) Voyez la note 4 de la lettre 403, et la note 5 de la lettre 406. — De six enfants il ne restait plus à la Reine que le Dauphin.
  4. 24. Tel est le. texte de la Haye ; celui de 1754 (la dernière partie de la lettre, à partir de l’alinéa précédent, ne se trouve que dans ces deux éditions) est tout différent : « Ce sentiment me paraît assez obligeant pour que vous en soyez informée. »