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J’espère toujours qu’il n’arrivera rien, parce qu’on attend trop de choses : enfin il faut tout abandonner à la Providence. Mon fils n’est point à Limbourg, mais je ne laisse pas d’y prendre intérêt.

Au reste, ma fille, sachez-moi gré, si vous voulez ; mais je me fis hier saigner du pied dans la vue de vous plaire ; j’ai voulu faire cette provision pour mon voyage, et j’avois aussi le cœur un peu serré de toute la tristesse que j’ai eue depuis deux mois ; j’ai cru que cette précaution étoit bonne. J’ai eu tout le jour bien du monde, et je suis si fatiguée d’avoir été au lit, que j’en suis brisée. La plaisanterie, c’étoit d’admirer la mauvaise grâce que j’avois ; Mlle de Méri en pâmoit de rire.

Voilà une lettre de mon fils ; il mande que le fossé et la demi-lune sont pris à Limbourg ; que le mineur est attaché au bastion ; qu’il y a eu plusieurs officiers et soldats tués et blessés, et que M. de la Marck[1] a fait des merveilles.

Je suis entièrement à vous, ma très-chère et très-aimable.



1675

410. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN

À Paris, mercredi 26e juin[2].

J’ai reçu deux ordinaires à la fois, ma très-chère

    vers Sasbach, dans un endroit difficile, où Montecuculi était obligé ou de recevoir la bataille ou de se jeter dans la forêt Noire. Les deux armées étaient d’égale force… »

  1. 3. Henri-Robert, comte de la Marck et de Braine, qui fut colonel du régiment de Picardie, gouverneur de Wœrden et maréchal des camps et armées du Roi. Il fut tué à Conz-Saarbruck le 11 août suivant. Voyez ; plus haut, p. 293, note 7.
  2. Lettre 410. — 1. Dans l’édition de Rouen (1726) cette lettre est datée du 24 juin 1675 ; dans celle de la Haye (1726), du 26 juin 1674.