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crédit et à entreprendre de s’acquitter[1]. Il n’a point de goût ni de délicatesse ; il s’amuse à tout, et ne se plaît à rien ; il évite avec adresse de laisser pénétrer qu’il n’a qu’une légère connoissance de toutes choses. La retraite qu’il vient de faire est la plus éclatante et la plus fausse action de sa vie ; c’est un sacrifice qu’il fait à son orgueil, sous prétexte de dévotion : il quitte la cour, où il ne peut s’attacher, et il s’éloigne du monde qui s’éloigne de lui. »


1675

409. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, vendredi au soir, 21e juin.

Je suis si triste, ma chère enfant, de n’avoir point eu de vos nouvelles cette semaine, que je ne sais à qui m’en prendre : du moins sais-je bien que ce n’est pas à vous ; car je suis fort assurée que vous m’avez écrit. Je crains mon voyage de Bretagne, à cause du dérangement que cela fera à notre commerce. J’achève ici vos deux affaires, et puis je m’en irai, par la raison que je veux revenir, et que je ne puis revenir si je ne pars.

Le siége de Limbourg[2] se continue : on tremble en attendant des nouvelles, et du côté de M. de Turenne aussi ; on dit qu’il est à portée de se battre avec ce Montecuculi[3].

  1. 19. Ces mots : « Il a senti, etc., » manquent dans l’édition des Mémoires que nous venons de citer.
  2. Lettre 409. — 1. Limbourg capitula le 20 juin 1675. (Lettres historiques de Pellisson, tome II, p. 311.)
  3. 2. « Pendant six semaines, dit M. Lavallée à la suite du passage cité plus haut (note 2 de la lettre 402), les deux généraux luttèrent d’habileté sur un terrain de quelques lieues carrées, où il n’y eut pas un ravin ou un ruisseau inutile. « Ce fut, dit Folard, le chef d’œuvre de Turenne et de Montecuculi. » À la fin le premier força son adversaire à évacuer ses positions sur la Rench et à se replier