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1675


qu’elle aime ; elle pensa mourir de douleur en le voyant en l’état qu’il est, sans pouvoir prononcer une parole, tout assoupi, tout prêt à retomber dans l’état où il a été : cette vue la fait mourir. L’abbé Têtu la gouverne fort ; j’admire le soin qu’a la Providence de son amusement : quand l’une[1] s’en va à Lyon, il en revient une autre d’Anjou.

Je ne puis vous nombrer les louanges et les tendresses de Barillon[2] ; je ne sais où vous avez pris qu’il ait été hostile[3] pour vous. Il vient voir votre portrait et parle de vous dignement. Dites-moi un mot qui lui marque que je me suis acquittée.

On dit chez M. Colbert et chez le maréchal de Villeroi que M. de Montecuculi[4] a repassé humblement le Rhin, et que M. de Turenne, par un excès de civilité, l’a reconduit, et l’a repassé après lui. La tête tourne à nos pauvres ennemis : la vue de M. de Turenne les renverse. Huy n’est pas encore pris.

Je fais mon paquet chez Monsieur le Cardinal : il a un peu la goutte, j’espère que cela l’arrêtera. Je vous plains de n’avoir pas eu le plaisir de le voir autant qu’il a été ici.

    mourut le 26 décembre 1675. — La Gazette du 8 juin annonce que « l’abbesse chef et générale de l’ordre de Fontevrault arriva à Paris le 5, et fit son entrée en son prieuré des Filles-Dieu. »

  1. 9. Mme de Coulanges. (Note de Perrin.)
  2. 10. Voyez tome II, p. 119, note 23.
  3. 11. Il y a destile dans le manuscrit. C’est évidemment une faute du copiste pour hostile. Cet adjectif se trouve dans le Dictionnaire de Nicot. Il manque dans ceux de Furetière et de l’Académie de 1694 ; mais l’un et l’autre donnent l’adverbe hostilement et le substantif hostilité.
  4. 12. (Raimond de Montecuculi, ModénaÍs, né en 1608, mort à près de soixante-treize ans le 16 octobre 1680) général de l’armée impériale, et l’un des plus grands capitaines de son siècle. (Note de Perrin.) — Montecuculi ayant passé le Rhin près de Spire, le 1er juin, avait fait publier qu’il allait donner bataille à Turenne ; mais après être