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voici une compagnie où il ne manque que vous ; vous y êtes tendrement aimée, vous n’en sauriez douter.


1675

404. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE MADAME DE COULANGES À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 5e juin.
de madame de sévigné.

Je n’ai reçu aucune de vos lettres depuis celle de Sens ; et vous savez quelle envie je puis avoir d’apprendre des nouvelles de votre santé et de votre voyage. Je suis très-persuadée que vous m’avez écrit : je ne me plains que des arrangements ou des dérangements de la poste. Selon notre calcul, vous êtes à Grignan, à moins qu’on ne vous ait retenue les fêtes à Lyon[1]. Enfin, ma fille, je vous ai suivie partout, et il me semble que le Rhône n’a point manqué au respect qu’il vous doit. J’ai quitté Livry, ma chère bonne, pour ne pas perdre un moment de ceux que je puis avoir pour voir notre cardinal. La tendresse qu’il a pour vous, et la vieille amitié qu’il a pour moi, m’attachent très-tendrement à lui : je le vois donc tous les jours depuis huit heures jusqu’à dix ; il me semble qu’il est bien aise de m’avoir jusqu’à son coucher[2] : nous causons sans cesse de vous ; c’est un sujet qui nous mène bien loin, et qui nous tient uniquement au cœur. Il veut venir ici ; mais je ne puis plus souffrir cette maison où

    réchal de Créquy. C’est ce jour-là que le gouverneur sonna la chamade. Quant à la ville même, elle avait ouvert ses portes le jour même que le maréchal s’était présenté devant ses murs, c’est-à-dire le 19.

  1. Lettre 404. — 1. En 1675, la Pentecôte tombait au 2 juin.
  2. 2. Dans les deux éditions de 1726 : « jusqu’à ce qu’il se retire. »