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plaît, et son dévouement pour moi est si grand, que je ne me contraignois sur rien. J’en revins hier, et je descendis encore chez notre cardinal, à qui je trouvai tant d’amitié pour vous, qu’il me convient par cet endroit-là plus que les autres, sans compter tous les anciens attachements que j’ai pour lui. Il a mille affaires ; il passe la Pentecôte à Saint-Denis ; mais il reviendra ici pour huit ou dix jours encore. On ne parle aujourd’hui que de sa retraite, mais chacun selon son humeur, quoique l’admiration soit la seule manière de l’envisager[1]. Mmes de Lavardin, de la Troche et de Villars m’accablent de leurs billets et de leurs soins ; je ne suis point encore en état de profiter de leurs bontés. Mme de la Fayette est à Saint-Maur. Mme de Langeron a la tête enflée ; on croit qu’elle mourra. La Reine et Mme de Montespan furent lundi aux Carmélites de la rue du Bouloi plus de deux heures en conférence ; elles en parurent également contentes ; elles étoient venues chacune de leur côté, et s’en retournèrent le soir à leurs châteaux. Je vous écrivis avant-hier ; je vous adressai la lettre à Lyon chez Monsieur le Chamarier : je serois bien fâchée que cette lettre fût perdue ; il y en avoit une de notre cardinal dans le paquet : voici encore un billet de lui. Votre lettre est très-bonne pour pénétrer le cœur et l’âme. M. de Coulanges sera informé de votre souvenir. Il est vrai qu’il faut profiter de tous les moments dans les adieux ; je serois très-fâchée de n’avoir pas été jusqu’à Fontainebleau :

  1. Lettre 402. — 1. M. le cardinal de Retz prit le parti de se retirer à Commerci, dans la vue de payer ses dettes avant sa mort, à quoi il eut le bonheur de réussir. (Note de Perrin.) — Mais Retz à ce moment parlait d’une retraite plus austère encore ; on verra plus loin qu’il alla s’enfermer à l’abbaye de Saint-Mihel ; et par la lettre du 23 octobre, qu’un ordre du pape l’en fit sortir et retourner à Commerci.