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gouverner mon cœur ; j’aurois beaucoup gagné à mon voyage, si j’en rapportais cette science. Je m’en retourne demain ; j’avois besoin de ce moment de repos pour remettre un peu ma tête et reprendre une espèce de contenance.


1675

402. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 29e mai.

Je vous conjure, ma fille, d’être persuadée que vous n’avez manqué à rien. Une de vos réflexions pourroit effacer des crimes, à plus forte raison des choses si légères, qu’il n’y a que vous et moi qui soyons capables de les remarquer : croyez que je ne puis conserver d’autres sentiments pour vous que ceux d’une tendresse qui n’a point d’égale, et d’un goût si naturel qu’il ne finira qu’avec moi. J’ai tâché d’apprendre à Livry ce qu’il faut faire pour détourner ces sortes d’idées ; toute la difficulté, c’est qu’il ne s’en présente point à moi qui ne soient sur votre sujet, et que je ne sais où en prendre d’autres : ainsi Corbinelli est bien empêché ; mais il faut espérer que le temps les rendra moins amères. Un peu de dévotion et d’amour de Dieu mettroient le calme dans mon âme ; ce n’est qu’à cela seul que vous devez céder. Corbinelli m’a été uniquement bon à Livry ; son esprit me

    Live, fut imprimé en 1694, avec une préface attribuée au P. Bouhours. — Le 18 décembre 1678, écrivant avec Mme de Sévigné à Bussy, il lui dit : « Je me suis avisé de faire des remarques sur cent maximes de M. de la Rochefoucauld. » Voyez encore sa lettre du 20 février 1686, où il apprend au président de Moulceau qu’il a « coupé Cicéron tout entier en fragments à peu près grands comme les maximes de M. de la Rochefoucauld, et… placé à côté des maximes en françois, etc. »