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retour. Ce mot d’invincible nous glace le cœur, nous ne savons sur qui le faire tomber, npus en trouvâmes trois qui peuvent fort bien donner sujet à cette expression ; nous causâmes près d’une heure ensemble dans une croisée de la chambre de la Reine ; l’amitié que nous avons pour vous nous rassembla en un moment, et nous fûmes contents chacun de notre côté des sentiments que nous avions pour vous.
La maréchale d’Humières est encore de notre bande ; elle parle[1] quand il est à propos, et parle si bien et avec tant de hardiesse et de raison, qu’elle mériteroit de persuader les gens en votre faveur ; mais l’heure n’est pas venue. Celle du départ de tout le monde approche fort. On avoit parlé de la paix, et vous savez même le changement des plénipotentiaires ; mais en attendant, on va toujours à la guerre, et les gouverneurs et lieutenants généraux des provinces, à leurs charges[2]. Toutes ces séparations me touchent sensiblement. Je pense aussi que Mme de Grignan ne nous quittera pas sans quelque émotion ; elle m’a priée de vous faire mille amitiés pour elle. Vous avez raison d’être content de son cœur : elle ne perd pas une occasion de me faire voir l’estime qu’elle a pour vous ; et moi je veux parler de celle que j’ai pour
- ↑ 4. Dans notre copie, on lit ici, après : « elle parle, » ces mots écrits en interligne d’une autre main que celle de Bussy : « pour votre retour. »
- ↑ 5. « Et les gouverneurs et lieutenants généraux, à leurs provinces. » (Manuscrit de l’Institut.) — La Gazette du 30 mars annonce que le duc de Vitri, le sieur Colbert et le comte d’Avaux partiront dans peu de temps, pour se rendre dans la ville de Nimègue, qui a été choisie pour les conférences de la paix ; que cependant le Roi donne tous les ordres pour la campagne prochaine, et que les gouverneurs se rendront incessamment dans les places et dans les provinces où ils doivent commander. — Le Roi partit pour l’armée le 11 mai.