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1675 J’écris au cardinal de Retz avec autant de reconnoissance que s’il avoit fait ce que nous souhaitons. Au reste, ma chère cousine, ne soupirez point pour mes malheurs avec notre petite maréchale[1] : ce seroit tout ce que vous devriez faire si j’étois mort.

Je ne réponds point à vos nouvelles du mois de janvier : j’aimerois autant vous parler de la bataille de Jarnac. Je vous dirai seulement que j’aime autant M. de Turenne que je l’ai autrefois haï ; car pour dire la vérité, mon cœur ne peut plus tenir contre tant de mérite. Je quitte la plume à Mlle de Bussy[2].

de mademoiselle de bussy à madame de sévigné.

Je suis persuadée de la part que vous prenez en ma fortune, ma chère tante, et sur cela je vous aime de tout mon cœur.

En me parlant de ce certain homme que j’ai failli à

    Toute cette vaine apparence,
    Au tombeau ne vous suivront pas.
    Quoi que votre esprit se propose,
    Quand votre course sera close,
    On vous abandonnera fort ;
    Et, seigneur, c’est fort peu de chose
    Qu’un demi-dieu quand il est mort.

    (Voiture, Épltre à Monseigneur le Prince sur son retour d’Allemagne, l’an 1645.)

  1. 5. La maréchale d’Humières. Voyez la lettre 391, p. 429.,
  2. 6. Dans le manuscrit de l’Institut on lit la place, au lieu de la plume, et la lettre de Mlle de Bussy commence ainsi : « Le mariage dont mon père vous parla pour moi l’année passée, ma chère tante, est présentement sur le tapis, et pourroit bien se faire. L’arrière-ban ne m’a pas mise en état de choisir, non pas parce qu’est bien gardé que Dieu garde : s’il n’y avoit eu que Dieu qui s’en fût mêlé, peut-être auroit-on pu espérer ; mais parce qu’est bien gardé qui se garde. Ainsi je n’ai plus d’autres ressources que la foiblesse du tempérament. Je suis persuadée, etc. » — Sur « ce mariage qui pourroit se faire, » voyez la lettre du 7 avril suivant.