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cher que les manches et que le ruban de ma fille[1]. J’eus deux grands plaisirs à la fois ; l’un de trouver que je n’avois pas sujet de me plaindre de vous, et l’autre de lire deux lettres de deux de mes meilleures amies, qui, dans leurs manières différentes, écrivent mieux à mon gré que femmes de France. Je m’étonne, en songeant à cela, que je n’aie pas pris plus de soin de m’en attirer ; et c’est à quoi je ne prétends plus manquer à l’avenir.

Il y a cinq ou six jours que Mme de Bussy m’envoya un billet que vous lui écriviez, par lequel vous lui mandiez que Monsieur le Prince étoit encore un peu vif sur mon sujet[2]. Il faut avoir patience et espérer qu’on mourra ; et c’est aussi le remède que j’attends, et j’ai de la vie et de la santé autant que de la mauvaise fortune. Les héros penseront de moi ce qu’il leur plaira, Madame : j’aime mieux vivre en Bourgogne que dans l’histoire seulement ; et peut-être que si je m’en souciois beaucoup, j’aurois contentement sur l’honneur de ma mémoire, et que la postérité parleroit de moi plus honorablement que de tel prince ou de tel maréchal de France que nous connoissons. Encore une fois, Madame, je vous assure que je ne songe qu’à vivre, et je crois, comme Voiture, que

.... C’est fort peu de chose
Qu’un demi-dieu quand il est mort[3].

  1. 2. Tout ce qui précède manque dans le manuscrit de l’Institut, où la lettre commence ainsi : « Je viens d’être bien aise, Madame, en lisant deux lettres de deux de mes meilleures amies, qui, etc… et c’est à quoi je ne prétends plus manquer à l’avenir. » Ce qui suit est encore supprimé, et la lettre ne reprend qu’à ces mots : « Au reste, ma chère cousine, ne soupirez plus, etc. »
  2. 3. Voyez la note 15 de la lettre du 15 décembre 1673, et la lettre 391, p. 429 et suivante.
  3. 4.
    Ce respect, cette déférence,
    Cette foule qui suit vos pas,