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intérêts, y trouveriez-vous un grand mal ? Ne nous sommes-nous pas assez écrit pour rien, ne pourrions-nous pas bien nous écrire pour quelque chose ? Il me semble qu’il y a longtemps que nous n’en sommes plus là.

Je songe fort souvent à vous et je ne trouve jamais la maréchale d’Humières[1], que nous ne fassions pour le moins chacune un soupir à votre intention. Elle est toute pleine de bonne volonté, aussi bien que moi ; et tous nos desirs n’avancent pas d’un moment l’arrangement de la Providence ; car j’y crois, mon cousin ; c’est ma philosophie. Vous de votre côté, et moi du mien, avec des pensées différentes, nous allons le même chemin : nous visons tous deux à la tranquillité ; vous par vos raisonnements, et moi par ma soumission. La force de votre esprit et la docilité du mien nous conduisent également au mépris de tout ce qui se passe ici-bas. Tout de bon, c’est peu de chose ; nous avons peu de part à nos destinées : tout est entre les mains de Dieu. Dans de si solides pensées, jugez si je suis incapable de comprendre votre tranquillité.

Vous me faites grand plaisir d’excepter de votre indifférence les bonnes grâces de notre cardinal ; elles me paroissent d’un grand prix. Ce qui fait que je ne vous ai point rendu sa réponse, c’est qu’il n’a point vu Monsieur

    notre copie de lettres (et non du 24, comme dans les éditions), l’est du 12 mars dans le manuscrit de l’Institut. Cette différence de date s’explique aisément. Bussy dit dans l’introduction à la lettre 393 qu’il fut deux mois à recevoir cette réponse de sa cousine. Dans l’un des deux manuscrits il l’a datée du jour ou au moins du mois où il l’avait reçue ; dans l’autre, du mois où elle fut écrite. — Tout le premier paragraphe manque dans le manuscrit de l’Institut.

  1. 2. « Votre nièce la maréchale d’Humières. » (Manuscrit de l’Institut.) — La maréchale d’Humières était nièce de Bussy à la mode de Bretagne, c’est-à-dire fille de sa cousine germaine. Voyez tome I, p. 403, note 7