Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 3.djvu/431

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 425 —

1674

* 389. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE GUITAUT[1].

À Paris, vendredi 16e novembre
.

Vous voilà donc dans votre château avec votre très-aimable femme ? Si vous voulez me voir dans ma béatitude, il faudra que vous preniez la peine de venir jusques ici. Il est vrai que je suis sensiblement touchée du plaisir d’avoir Mme de Grignan : je ne m’accoutume point à cette joie, je la sens à toute heure, et je vois couler le temps avec douleur, quand je pense au jour qu’il m’amènera[2] ; mais je ne veux pas prévenir mon malheur. Parlons des merveilles que vous avez faites en Provence : vous n’avez pensé qu’aux véritables intérêts de M. et de Mme de Grignan. J’ai trouvé fort dure et fort opiniâtre la vision de Monsieur de Toulon pour les cinq mille francs à l’assemblée. Je crois que la permission que le Roi donne d’opiner sur cette gratification, ôtera l’envie de s’y opposer. M. de Pompone a fait régler aussi le monseigneur qu’on doit dire à M. de Grignan en présence de l’Intendant, quand on vient lui rendre compte de l’assemblée ; et comme ce règlement donnera sans doute quelque chagrin à M. Rouillé[3], je crois que M. de Pompone ne l’enverra que sur la fin.. C’est beaucoup que ce soit une chose décidée, ou pour mieux dire rétablie. Je suis fort aise que vous ayez trouvé Grignan d’un bon air ; vous l’auriez

  1. Lettre 389 (revue sur l’autographe). — 1. Cette lettre fut évidemment adressée à Époisse, et non aux îles Sainte-Marguerite (comme le dit Walckenaer, tome V, p. 146).
  2. 2. Et non : « qui me l’emmènera, » comme on a imprimé jusqu’ici.
  3. 3. Rouillé de Mêlai, l’Intendant. Le mot est écrit fort lisiblement dans l’autographe. Les éditions jusqu’à présent ont donné : « M. de Bouilli, » ou « M. Bouilli. »