1674
nous brillerions, et il faudroit que l’on comptât avec nous quand on auroit de grandes affaires sur les bras ; mais en France il y a tant de gens de mérite, et beaucoup plus qui ont apparence d’en avoir, que ceux qui en ont un véritable ne sont distingués bien souvent que par la fortune ; quand elle leur manque, on les laisse chez eux, pendant qu’on gagne des batailles avec toutes sortes de gens mêlés[1].
Ma charge est remplie par un galant homme ; il a de la naissance et du mérite, et celui auquel il succède[2] n’avoit que du courage et de la faveur. Je lui viens d’écrire comme à mon ami et à mon allié[3].
Aussitôt après la nouvelle du combat de Senef, j’écrivis au Roi, et je lui offris mes services[4]. Toutes mes honnêtetés et ma bonne conduite[5] sont des œuvres mortes,
- ↑ 3. « Mais en France il y a tant de gens de mérite, que le Roi peut se passer aisément de ceux qui en ont et qui lui ont déplu. » (Manuscrit de l’Institut.) — Dans notre copie de lettres on a effacé la fin de la phrase, depuis : « et beaucoup plus… » et une autre main y a substitué, entre les-lignes, ce peu de mots : « qu’il n’est pas surprenant qu’on en oublie quelques-uns. » Avant d’effacer, on avait ajouté, en interligne aussi, fort bien et sans eux : « pendant qu’on gagne fort bien des batailles sans eux. »
- ↑ 4. « Ma charge est remplie d’un homme de mérite et de naissance. Celui à qui il a succédé n’avoit, etc. » (Manuscrit de l’Institut.)
- ↑ 5. La lettre de Bussy au marquis de Renel est datée du 28 août (voyez la Correspondance, tome II, p. 389). Elle se termine par un retour que Bussy fait sur lui-même : « Je souhaite… que cette charge vous procure les honneurs et les établissements qu’elle doit faire avoir aux gens qui ne sont pas malheureux. »
- ↑ 6. Dans notre copie de lettres on a ajouté ici, entre les lignes : « Je vous envoie ma lettre, » et dans le manuscrit de l’Institut : « Je vous envoie la copie de cette lettre. » — Elle est datée du 20 août et se trouve, dans l’édition de 1697, au tome I, p. 150, et dans la Correspondance, au tome II, p. 444, 445.
- ↑ 7. Dans le manuscrit de l’Institut : « Tout mon zèle et toute ma bonne conduite… » et un peu plus loin : « … me tournera un jour