1674
on vous aime extrêmement. Ma fille est toujours languissante :
Le héros que j’attends ne reviendra[1]…
pas sitôt. Elle est triste, mais je suis accoutumée à la voir ainsi quand vous n’y êtes pas.
Il fait plus chaud à Besançon[2] que sur le port de Toulon. Vous savez l’extrême blessure de Saint-Géran[3], et comme sa jolie femme y est accourue avec Mme de Villars : on croyoit qu’il étoit mort ; on mande du 18e qu’il se porte mieux. Comme vous ne pourriez pas épouser sa veuve, je suis persuadée que vous voulez bien qu’il vive.
Voilà une fable[4] des plus jolies ; ne connoissez-vous personne qui soit aussi bon courtisan que le Renard ?
Je suis ravie du bien que vous me dites de ma petite ; je prends pour moi toutes les caresses que vous lui faites. Adieu, mon très-cher Comte ; on ne peut guère vous embrasser plus tendrement que je fais. Mon fils vous fait toujours mille compliments.
- ↑ Lettre 381. — 1. Le Retour des plaisirs, prologue de l’Alceste de Quinault, commence ainsi :
Le héros que j’attends ne reviendra-t-il pas ?
Ce vers, qui s’applique à Louis XIV, reparaît huit fois dans la partie de ce prologue qui est chantée par la Nymphe de la Seine.
- ↑ 2. Le Roi assiégeoit alors en personne la ville de Besançon, (Note de Perrin.) — La ville se rendit le 15 mai 1674, et la citadelle capitula six jours après.
- ↑ 3. Henri, marquis de Beringhen, frère aîné de celui qui succéda à son père dans la charge de premier écuyer du Roi, eut la tête emportée d’un coup de canon, et son crâne fit au comte de Saint-Géran une blessure si grave, que celui-ci fut obligé de porter une calotte toute sa vie. Voyez tome II, p. 71, note 12.
- ↑ 4. C’est la fable de la Fontaine (livre VII, fable vii) qui a pour titre : La Cour du Lion. (Note de Perrin.) — Le livre VIIe ne fut publié, avec les suivants, qu’en 1678 : la mention qui est faite ici de cette fable confirme donc ce que nous avons déjà dit plus haut