Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 3.djvu/413

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 407 —
1674


Mandez-nous comme vous vous trouvez de la vôtre. Si j’avois l’hippogriffe à mon commandement, je m’en irois causer avec vous de toutes les farces qui se sont faites ici entre les Grignans et les Fourbins[1] : les ruses de ceux-ci, les droitures des autres, et le reste ; mais il faudroit être à Époisse pour parler cinq heures de suite. Je n’oublierai jamais cette aimable maison, ni les douces et charmantes conversations, ni les confiances de mon seigneur. Je les tiens précieuses, et je prétends, par le bon usage que j’en fais, avoir une part dans son amitié, dont je lui demande la continuation préférablement à toutes ses autres sujettes et servantes.

Mon oncle l’abbé vous fait mille compliments. Il a reçu les ordres de Madame votre femme, qu’il exécutera avec grand plaisir.


1674

381. DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MONSIEUR DE GRIGNAN.

À Paris, mardi 22e mai.

Comme j’ai l’honneur de connoître Madame votre femme, et le soin qu’elle a des compliments dont on la charge, je trouve à propos de vous dire à vous-même que je vous aime toujours trop, et que vous me ferez un très-grand plaisir si vous voulez m’aimer un peu : voyez si on peut mieux se mettre à la raison ; c’est donner que de faire un marché de cette sorte. Vous nous manquez fort, nous avions de la joie de vous voir revenir les soirs ; votre société est aimable ; et hormis quand on vous hait,

  1. 8. Le nom de l’évêque de Marseille se trouve sous cette forme dans l’acte authentique du 27 janvier 1669 (Notice, p. 329) ; mais on peut croire que Mme de Sévigné jouait parfois sur le mot : voyez la Notice, p. 128.