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1674

de madame de sévigné.

Je reçois votre lettre du 28e ; elle me ravit : ne craignez point, ma bonne, que ma joie se refroidisse ; elle a un fond si chaud qu’elle ne peut être tiède. Je ne suis occupée que de la joie sensible de vous voir et de vous embrasser avec des sentiments et des manières d’aimer qui sont d’une étoffe au-dessus du commun et même de ce qu’on estime le plus[1].


1674

379. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Le 19e mars 1674, j’allai veiller avec Mme de Sévigné et avec sa fille, et j’écrivis le lendemain ce billet à la mère, en lui envoyant du cotignac d’Orléans, que Mme de Montglas m’avoit donné.

À Paris, ce 20e mars 1674.

Je vous envoie le cotignac que je vous ai promis, Madame, vous ne le trouverez pas mauvais ; il ne vaut pourtant pas ce qu’il me coûte, mais je ne suis pas heureux en bons marchés.

Je ne vous aime pas plus que je vous aimois hier matin, Madame ; mais la conversation d’hier au soir me fait plus sentir ma tendresse ; elle étoit cachée au fond de mon cœur, et le commerce l’a ranimée ; je vois bien par là que les longues absences nuisent à la chaleur de l’amitié, aussi bien qu’à celle de l’amour.

  1. 11. On lit à la suite de cette lettre dans la seconde édition du chevalier de Perrin (1754). « Mme de Grignan étant arrivée à Paris peu de jours après avec M. de Grignan, les lettres de la mère à la fille ne recommencèrent que vers la fin de mai 1675, qui fut le temps du départ de Mme de Grignan pour aller rejoindre M. de Grignan en Provence, où il l’avoit devancée d’environ un an, comme on peut le juger par la lettre suivante (notre lettre 381). »