1674
l’autre étoit plus agréable[1] ; Baptiste croyoit l’avoir surpassé ; le plus juste s’abuse : ceux qui aiment la symphonie y trouvent des charmes nouveaux ; je crois que je vous attendrai pour y aller. Les bals de Saint-Germain sont d’une tristesse mortelle : les petits enfants veulent dormir dès dix heures, et le Roi n’a cette complaisance que pour marquer le carnaval, sans aucun plaisir.
Il disoit à son dîner : « Quand je ne donne point de plaisir, on se plaint ; et quand j’en donne, les dames n’y viennent pas. » Il ne dansa la dernière fois qu’avec Mme de Crussol, qu’il pria de ne lui point rendre sa courante. M. de Crussol[2], qui tient le premier rang pour les bons mots, disoit en regardant sa femme plus rouge que les rubis dont elle étoit parée : « Messieurs, elle n’est pas belle, mais elle a bon visage. »
Votre retour est présentement la grande nouvelle de la cour ; vous ne sauriez croire les compliments que l’on m’en fait. Il y a aujourd’hui cinq ans, ma fille, que vous fûtes… quoi ?… mariée.
J’ai vu enfin chez elle la pauvre Caderousse ; elle est verte et perd son sang et sa vie : trois semaines tous les mois, cela ne peut pas aller loin[3] ; mais voilà M. le chevalier de Grignan qui vous dira le reste.
Je vous embrasse, ma chère enfant, avec une tendresse infinie.
- ↑ 2. Probablement Cadmus et Hermione de Quinault et Lulli, représenté sur le théâtre du Bel-Air en 1672, et le 17 avril 1673 sur le théâtre du Palais-Royal. Voyez Walckenaer, tome V, p. 257 et 125.
- ↑ 3. Depuis duc d’Uzès. (Note de Perrin.)
- ↑ 4. Elle mourut en décembre 1675. Voyez tome I, p. 493, note 5, et tome II, p. 94.