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ce soin, qu’il croit au-dessous de lui, et ne veut point semer en terre ingrate ; cet Orage, je pense que c’est son nom, est dans vos intérêts plus que vous ne sauriez croire.

L’abbé de Valbelle[1] sort d’ici, qui ne croit pas que le Roi ait dit qu’il sache celui qui a pris la lampe ; mais il m’a conté qu’hier[2] Sa Majesté, à la messe, leur donna[3] un imprimé, en riant, qu’un inconnu a répandu à Saint-Germain, où la noblesse supplie le Roi de réformer l’immodestie de son clergé, qui devant qu’il entre à la chapelle, cause et parle haut, et ne regarde pas l’autel ; qu’elle leur ordonne d’être au moins, quand il n’y a que Dieu dans la chapelle, comme quand le Roi y est entré. Cette requête est extrêmement bien faite ; les prélats en sont en furie, surtout quelques-uns qui prenoient ce temps pour parler de bas en haut aux musiciens, au grand scandale de l’Église gallicane.

Il m’a dit encore que l’archevêque de Reims rompoit à feu et à sang avec le Coadjuteur, s’il ne venoit avec vous. Si j’avois encore quelque chose à dire là-dessus, au delà de ce que j’ai dit, je le ferois sans doute ; mais pourvu que mes lettres ne soient pas perdues, et que vous receviez celles que j’ai adressées sottement à Montélimar, je n’ai plus rien à dire. Je trouve qu’il faudroit qu’il se résolût, le Coadjuteur, de demeurer en ce quartier, et que votre

  1. 13. Louis-Alphonse de Valbelle (Montfuron), aumônier ordinaire du Roi, depuis évêque d’Alet (de 1680 à 1684), et transféré dans la suite à Saint-Omer. (Note de Perrin.) — Il fut encore agent général du clergé et maître de l’Oratoire du Roi. Il mourut à soixante-cinq ans en octobre 1708. Il était l’un des frères puînés du marquis de Montfuron (qui avait épousé une cousine germaine du comte de Grignan : voyez plus haut, p. 183, note 3) et de François, qui fut infirmier de Saint-Victor-lez-Marseille.
  2. 14. Dans le manuscrit : « que hier. »
  3. 15. « Donna à ses aumôniers. » (Édition de 1754.)