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1674


bal ; Mademoiselle[1], Mademoiselle de Blois, les petites de Piennes, Mlle de Roquelaure (un peu trop vieille, elle a quinze ans[2]). Mademoiselle de Blois est un chef-d’œuvre : le Roi et tout le monde en est ravi ; elle vint au milieu du bal dire à Mme de Richelieu : « Madame, ne sauriez-vous me dire si le Roi est content de moi ? » Elle passe près de Mme de Montespan, et lui dit : « Madame, vous ne regardez pas aujourd’hui vos amies ; » enfin, avec des petites chosettes sorties de sa belle bouche, elle enchante par son esprit, sans qu’on croie qu’on en puisse avoir davantage. Je fais réparation à ma grande Mademoiselle : elle ne danse plus, Dieu merci[3]. On ne voit point les autres enfants ; on voit un peu Mme Scarron. J’irai quand je voudrai.

J’ai eu une très-bonne conversation avec le Brouillard[4] ; elle a remonté au Dégel, et peut-être plus haut.

  1. 8. Sans doute la petite : voyez la note 19 de la lettre 368.
  2. 9. Elle devait être plus âgée. D’après Moréri, Marie-Charlotte, fille du duc de Roquelaure, épousa le 8 mars suivant (1674) le duc de Foix et mourut en janvier 1710, à l’âge de cinquante-cinq ans.
  3. 10. Mademoiselle de Montpensier allait avoir quarante-sept ans le 29 mai, et n’était que de seize mois plus jeune que Mme de Sévigné. — Les mots : « Je fais réparation… » se rapportent à la fin de la lettre 369, où il est dit que « M. le prince de Conti menoit la grande Mademoiselle. »
  4. 11. Le Brouillard, le Dégel, la Feuille, l’Orage, chiffres. (Note de Perrin.) — « Je crois que le Brouillard indique Mme de la Fayette ; elle était presque toujours malade ; cet état de souffrance habituelle donnait à son caractère beaucoup d’inégalité, et ses amis ne jugeaient pas toujours avec la même facilité des dispositions où elle se trouvait à leur égard. Cette personne légère et frivole qui est désignée par la Feuille ne peut être que Mme de Coulanges (voyez la lettre du 8 janvier précédent, p. 359), l’amie de M. de la Trousse, alors sur le point d’en être négligée. L’Orage a été entendu de l’abbé Têtu ; je penserais plutôt que ce mot désigne M. le Tellier, archevêque de Reims, frère de Louvois. La conversation qu’il avoit eue avec M. de la Garde sur le siège d’Orange faisait craindre à Mme de Grignan qu’il ne fût contraire aux intérêts de son mari ; et elle n’était pas assez rassurée