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ne point aller à la guerre. Je serois fâchée que depuis longtemps vous n’eussiez obtenu d’autre grâce que celle d’y aller. C’est assez que le Roi sache vos bonnes intentions. Quand il aura besoin de vous, il saura bien où vous prendre ; et comme il n’oublie rien, il n’aura peut-être pas oublié ce que vous valez. En attendant, jouissez du plaisir d’être présentement le seul homme de votre volée qui puisse se vanter d’avoir du pain[1].

J’ai vu au collége de Clermont[2] un jeune gentilhomme[3] qui est fort digne d’en avoir. Je lui ai fait une petite visite, je l’enverrai querir l’un de ces jours pour dîner avec moi. Je soupai l’autre jour avec Manicamp[4] et avec sa sœur la maréchale d’Estrées. Elle me dit qu’elle iroit

  1. 3. Ici Mme de Coligny a ajouté entre les lignes : « Je ne sais si je ne vous ai pas parlé de quelques-unes de vos lettres au Roi ; mais je les admire toujours. » — Deux lignes plus bas, aux mots digne d’en avoir, elle a substitué digne d’être votre fils.
  2. 4. Collége des jésuites dans la rue Saint-Jacques. C’est aujourd’hui le lycée Louis-le-Grand. Les jésuites donnèrent le nom de Louis le Grand à leur collége à la suite d’une visite du Roi en 1674. Huit ans plus tard (1682), Louis XIV, par lettres patentes du mois de novembre, se déclara le fondateur du collége des jésuites, et le décorant du titre de collége royal, lui accorda l’autorisation de porter ses armes. — Bussy avait suivi, très-jeune et comme externe, au collége de Clermont, les cours de seconde, de logique (après avoir sauté la rhétorique), et il y avait commencé la physique. Voyez ses Mémoires, tome I, p. 6.
  3. 5. Amé-Nicolas de Rabutin, marquis de Bussy, né en 1656, fils aîné du comte, mais du deuxième lit. Le Roi lui donna en 1677 une compagnie de cavalerie. Voyez sur lui la lettre du 25 février 1686 et celle (de Bussy) du 5 mars de la même année.
  4. 6. Bernard de Longueval, marquis de Manicamp, cousin de Mme de Bussy ; frère de la maréchale d’Estrées et de la chanoinesse de Longueval ; mort en 1684 (voyez plus haut, p. 24, note 3). « Il est souvent fait mention de lui dans l’Histoire amoureuse… C’est Manicamp qui… introduit, par les questions qu’il fait à Bussy, l’histoire de Mme de Sévigné. » (Walckenaer, tome IV, p. 346.) Voyez les Mémoires de Bussy, tome II, p. 337 et 424.