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vous étiez partie, et qu’il falloit revenir. Nous fûmes ensuite chez Mme Colbert, qui est extrêmement civile, et sait très-bien vivre. Mademoiselle de Blois dansoit : c’est un prodige d’agrément et de bonne grâce ; Desairs[1] dit qu’il n’y a qu’elle qui le fasse souvenir de vous ; il me prenoit pour juge de sa danse, et c’étoit proprement mon admiration que l’on vouloit : elle l’eut en vérité tout entière[2]. La duchesse de la Vallière y étoit ; elle appelle sa fille Mademoiselle, et la princesse l’appelle belle maman. M. de Vermandois[3] y étoit aussi. On ne voit point encore d’autres enfants[4].

Nous allâmes voir Monsieur et Madame. Monsieur vous fait toujours mille honnêtetés ; je lui fais toujours vos très-humbles remerciements. Je trouvai Vivonne qui me dit : « Maman mignonne, embrassez, je vous prie, le gouverneur de Champagne[5]. — Et qui est-il ? lui dis-je. — Ma foi ! c’est moi, dit-il. — Et qui vous l’a dit ? — C’est le Roi qui vient de me le dire tout à l’heure. » Je lui en fis mes compliments tout chauds. Madame la Comtesse[6] l’espéroit pour son fils. On ne parle point d’ôter les sceaux à Monsieur le chancelier[7]. Le bonhomme fut

  1. 9. Maître à danser ?
  2. 10. C’est de Mademoiselle de Blois que la Fontaine disait, après l’avoir vue danser en 1689 :

    L’herbe l’auroit portée, une fleur n’auroit pas
    Reçu l’empreinte de ses pas.

    (Le Songe, tome VI, p. 200 de l’édition de Walckenaer.)
  3. 11. Le frère puîné de Mademoiselle de Blois, Louis de Bourbon, né le 2 octobre 1667, mort en 1683.
  4. 12. Voyez la note 18 de la lettre du 1er janvier précédent.
  5. 13. Ce gouvernement vaquoit par la mort d’Eugène-Maurice de Savoie, comte de Soissons, arrivée le 7 juin 1673. (Note de Perrin.)
  6. 14. La comtesse de Soissons.
  7. 15. M. d’Aligre. Voyez la note 29 de la lettre 368, et plus haut, p. 39, note 11.