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Quelqu’un au monde mériteroit-il mieux d’être ménagé et favorisé que vous, c’est-à-dire votre mari ? Il faisoit bon m’entendre là-dessus. Permettez-moi de ne vous point dire notre conversation ; elle fut sincère de mon côté et prudente de l’autre, mais mon cœur fut soulagé et rien n’est si aimable que le Camarade du Vent[1].
Mais parlons de Saint-Germain : j’y fus il y a trois jours. J’allai d’abord chez M. de Pompone ; il n’a pas pu encore demander votre congé ; c’est pour aujourd’hui qu’il le doit envoyer. Il vous conseille fort de venir et Monsieur de Marseille aussi, et qu’on raccommode les endroits qu’on a gâtés, et qu’on agisse de bonne foi. Ah ! que je suis quelquefois contente de ce que je dis ! Ce n’est pas souvent comme vous pensez ; mais quand on a quelque chose dans le cœur, on est échauffé et l’on parle. M. Rouillé ne parle plus tant de revenir ; on le laissera tant qu’il voudra, et vous n’aurez après lui que votre cheval marin[2]. Je dis que vous étiez fort contente de Monsieur l’Intendant. Il paroît à M. de Pompone qu’il vous aime fort ; conservez cet ami ; rien ne vous peut être plus utile. Je lus quelques endroits de votre lettre, dont le goût ne se passe point. Vraiment il est resté à M. de Pompone une idée si parfaite et si avantageuse de Mlle de Sévigné, qu’il ne peut s’empêcher d’en reparler quasi toutes les fois que je le vois. Ce discours nous amuse ; pour moi, il m’attendrit, et son imagination en est réjouie.
Nous allâmes chez la Reine ; j’étois avec Mme de Chaulnes ; il n’y eut que moi à parler ; et quels discours ! La Reine dit, sans hésiter, qu’il y avoit trois ans que