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ainsi nous vous ôtons cette fausse nouvelle, pour vous remettre dans la vraie.


1674

369. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, vendredi 12e janvier.

Voilà donc la paix toute faite[1]. Il me semble que je suis à l’année passée : vous souvient-il de ce muscat à quoi j’avois tant de regret, et qui fut invoqué inutilement pour témoin et pour lien de la réconciliation[2] ? L’archevêque de Reims et Brancas avoient reçu leurs lettres plus tôt que moi, et M. de Pompone me mandoit encore cette grande nouvelle de Saint-Germain ; de sorte que j’étois comme une ignorante ; mais enfin me voilà instruite. Je vous conseille, ma fille, de vous comporter comme le temps[3] ; et puisque le Roi veut que vous soyez bien ensemble[4], il faut lui obéir. Pour moi, je causai l’autre jour. avec la Pluie plus d’une heure, et il me trouva si piquée de l’exclusion des gardes pour l’avenir[5], que je ne

  1. Lettre 369 (revue sur une ancienne copie). — 1. « Voilà donc votre paix toute faite. » (Édition de 1754.) — Voyez la Notice, p. 129. et Walckenaer. tome V. p. 52 et 55.
  2. 2. Vovez le commencement de la lettre du 5 janvier précédent.
  3. 3. « De vous comporter selon le temps. » (Édition de 1754.)
  4. 4. « Bien avec l’Évêque. » (Ibidem.)
  5. 5. Les évêques de Marseille et de Toulon avaient déclaré qu’ils se départaient de leur opposition au sujet des cinq mille livres (pour l’entretien des gardes), pour cette fois seulement et sans conséquence pour l’avenir. Mais ce qui surtout piquait Mme de Sévigné, c’est que cette restriction se trouvait dans la lettre même du petit cachet (expédiée dans les bureaux de Colbert), par laquelle le Roi invitait le prélat à concourir avec ses amis à la décision réclamée par le comte de Grignan. Voyez Walckenaer, tome V, p. 52.