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mais comptez, ma bonne, que cette année, et toutes celles de ma vie, sont à vous : c’est un tissu, c’est une vie tout entière qui vous est dévouée jusqu’au dernier soupir. Vos moralités sont admirables : il est vrai que le temps passe partout, et passe vite. Vous criez après lui, parce qu’il vous emporte toujours quelque chose de votre belle jeunesse ; mais il vous en reste beaucoup : pour moi, je le vois courir avec horreur, et m’apporter en passant l’affreuse vieillesse, les incommodités, et enfin la mort. Voilà de quelles couleurs sont les réflexions d’une personne de mon âge : priez Dieu, ma fille, qu’il m’en fasse tirer le profit que le christianisme nous enseigne.

Ce grand voyage de Monsieur le Prince et de M. de Turenne[1] pour aller dégager M. de Luxembourg est devenu à rien ; on dit que l’on ne part plus, et que l’armée de M. de Monterey a fait la retirote : voilà le même mot que dit avant-hier Sa Majesté ; c’est-à-dire, que cette armée se trouvant incommodée, M. de Luxembourg s’est trouvé dégagé. Il n’y a que mon fils de parti ; je n’ai jamais vu une prudence, une prévoyance, une impatience comme la sienne : il prendra la peine de revenir ; cela n’est rien. Tous les autres guerriers sont ici. M. de Turenne en a beaucoup ramené ; M. de Luxembourg amènera le reste.

    nent en effet peu de place. Dans sa première édition, Perrin avait ainsi corrigé la phrase : « Je ne vous ai dit qu’un pauvre mot. »

  1. 14. « Ni l’un ni l’autre n’eurent besoin de se remettre en campagne. Au premier bruit de la formation d’une armée française sur la Sambre, le prince d’Orange et le comte de Monterey avaient compris le danger de se trouver pris entre deux feux, et s’étaient retirés, après avoir fatigué inutilement leur infanterie et ruiné leur cavalerie dans les boues. Vers le milieu du mois de janvier 1674, Luxembourg rentrait à Charleroi, sans autre difficulté que celle d’une marche pénible. » Voyez l'Histoire de Louvois, par M. Rousset, tome I, p. 509, et la lettre du 29 décembre précédent.