1674
balevolant[1] jusqu’au plancher, des nœuds de crêpe partout, de l’hermine partout ; la Rosée plus que le Torrent. Toutes deux consolées, avec un air d’ajustement. On a voulu croire que le Torrent se mêloit avec la Neige, et que le Feu enflammoit la Rosée[2]. Cette vision a fait un tort extraordinaire à toutes les deux. On trouvoit que c’étoit assez au Torrent d’être ici et d’avoir oublié ce qui étoit si aimable ; ce dernier choix a décrié son goût.
J’ai envie de vous parler de vos beaux fossés[3] et de vos jolies promenades. Vous avez raison de dire que je suis remariée en Provence ; j’en ferai l’un de mes pays, pourvu que vous n’effaciez pas celui-ci du nombre des vôtres. Vous me dites mille douceurs sur le commencement de l’année ; rien ne me peut être plus agréable : vous m’êtes toutes choses, et je ne suis appliquée qu’à faire en sorte que tout le monde ne voie pas à quel point cela est vrai. J’ai passé le commencement de cette année assez brutalement, sans vous dire qu’un pauvre mot[4] ;
- ↑ 10. Tel est le texte du manuscrit. Si c’est bien là ce qu’a écrit Mme de Sévigné, il semble que ce soit un mot imitatif composé de voler et de baler (« agiter, s’agiter, » voyez le Dictionnaire étymologique de Ménage).
- ↑ 11. Rien ici, ni plus loin (lettre du 12 janvier), ne force absolument de chercher sous ces deux chiffres de Neige et de Feu les noms de deux amants. S’il ne s’agissait que de trouver le nom de quelque amie nouvelle de la Rosée, on pourrait proposer celui de la duchesse de Brissac ; aucune amie ne pouvait, ce semble, être plus dangereuse, et personne ne serait plus naturellement désigné par ce chiffre de Feu : voyez les lettres des 26 mai, 1er et 11 juin 1676. — Quant au chiffre de la Neige, on lit dans les Lettres de Madame (édition allemande de 1789, p. 222 et 293) deux passages qui permettraient peut-être de deviner la personne qu’il indique, mais sans confirmer le moins du monde en ce qui la concerne, aucun fâcheux soupçon.
- ↑ 12. Dans les éditions de Perrin : « de votre beau soleil. »
- ↑ 13. Dans le manuscrit et dans l’édition de Perrin de 1754 : « Sans vous dire un pauvre mot. » Évidemment le copiste a sauté le que. Voyez la lettre du 1er janvier, où les souhaits de bonne année tien-