Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 3.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 337 —

1673


si c’est par ses frayeurs politiques[1]. J’ai fait à mon ami[2] toutes vos animosités (cela est plaisant) ; il les a très-bien reçues. Je crois qu’il est venu ici pour réveiller un peu la tendresse de ses vieux amis.

Nous avons trouvé la pièce des cinq auteurs extrêmement jolie[3], et très-bien appliquée ; le chevalier de Buous l’a possédée deux jours ; vos deux vers sont très-bien corrigés.

Voilà mon fils qui arrive. Je m’en vais fermer cette lettre, et je vous en écrirai demain une autre avec lui, toute pleine des nouvelles que j’aurai reçues de Saint-Germain. On dit que la maréchale de Gramont n’a voulu voir ni Louvigny ni sa femme ; ils sont revenus de dix lieues d’ici. Nous ne songeons plus qu’il y ait eu un comte de Guiche au monde. Vous vous moquez avec vos longues douleurs. Nous n’aurions jamais fait ici, si nous voulions appuyer autant sur chaque nouvelle ; il faut expédier. Expédiez à notre exemple.


  1. 15. Langlade craignait de se mettre mal dans l’esprit de Louvois ; c’est sûrement pour cela qu’il ne voyait pas Corbinelli, l’ami de Vardes, et disgracié lui-même. Il était si craintif sur ce point, qu’il mourut de la peur d’avoir déplu. Voyez une note de la lettre du 18 septembre 1680.
  2. 16. À Corbinelli. (Note de Perrin.)
  3. 17. Mme de Sévigné parle apparemment ici de quelques petits vers envoyés de Grignan, de quelques bouts-rimés peut-être, remplis en commun, et que par plaisanterie elle appelle la pièce des cinq auteurs ; elle veut par là sans doute faire allusion à la collaboration célèbre des cinq poëtes (Boisrobert, P. Corneille, Colletet, l’Estoile et Rotrou) qui, par l’ordre de Richelieu, lequel leur donnait le sujet et le canevas, composèrent la Comédie des Tuileries, représentée en 1635, publiée en 1638. Sur cette pièce, et sur les deux autres qu’on attribue d’ordinaire aussi aux cinq auteurs, à savoir : l’Aveugle de Smyrne, qui fut joué en 1637 et parut également en 1638, et la Grande pastorale, qui ne fut pas imprimée, voyez, dans le tome II des Œuvres de P. Corneille (édition de M. Marty-Laveaux), la notice du Deuxième acte de la Comédie des Tuileries.