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on écouta la Poétique de Despréaux, qui est un chef d’œuvre[1].

M. de la Rochefoucauld n’a point d’autre faveur que celle de son fils, qui est très-bien placé. Il entra l’autre jour, comme je vous l’ai déjà mandé, à une musique chez Mme de Montespan : on le fit asseoir ; le moyen de ne le pas faire ? cela n’est rien du tout. Mme de la Fayette voit Mme de Montespan un quart d’heure, quand elle va en un mois une fois à Saint-Germain : il ne me paroît pas que ce soit là une faveur. Les filles[2] s’en vont chacune à sa chacuniere[3], comme je vous l’ai aussi mandé. Le chevalier de Vendôme a demandé quartier de plaisanterie à M. de Vivonne, qui ne s’épuisoit point sur l’horreur qu’il avoit de se battre : l’accommodement s’est fait, et on n’en parle plus. Soyecourt[4] demandoit hier à Vivonne : « Quand est-ce que le Roi ira à la chasse ? »  » Vivonne[5] ré-

  1. 5. Despréaux commença l’Art poétique en 1669, et le publia dans la première édition de ses Œuvres diverses, qui parut six mois après cette lettre. L’achevé d’imprimer est du 10 juillet 1674.
  2. 6. Les filles de la Reine. Voyez la lettre du 27 novembre précédent.
  3. 7. Mot employé par Rabelais et par Montaigne, dans le sens de « logis, demeure particulière. »
  4. 8. Maximilien-Antoine de Belleforière, marquis de Soyecourt (on prononçait Saucourt), grand maître de la garde-robe en 1653, chevalier de l’Ordre en 1661, grand veneur de France en 1670. Il avait épousé en 1656 Marie-Renée de Longueil, fille du président de Maisons ; il mourut en 1679 et sa femme en 1712. — D’après le Ménagiana, cité par M. Taschereau (p. 41), il aurait été l’original de ce caractère de fâcheux (le chasseur Dorante) que le Roi lui-même demanda à Molière d’ajouter à sa pièce des Fâcheux. — C’est lui qui lors de la querelle du marquis de Sévigné et du chevalier d’Albret (1651) avait lié la partie (Mémoires de Conrart, tome XLVIII, p. 186). « Mme de Sévigné, oyant nommer Saucour deux ans après dans un bal, pensa s’évanouir. » (Tallemant des Réaux, tome V, p.477.)
  5. 9. Il étoit général des galères. (Note de Perrin.)