1673
Nous avons enfin vu, la Garde et moi, votre premier président[1] ; c’est un homme très-bien fait, et d’une physionomie agréable. Besons[2] dit : « C’est un beau mâtin, s’il vouloit mordre. » Il nous reçut très-civilement : nous lui fîmes les compliments de M. de Grignan et les vôtres. Il y a des gens qui disent qu’il tournera casaque, et qu’il vous aimera au lieu d’aimer l’Évêque.
Le flux les amena, le reflux les emmène[3].
Ne vous ai-je point mandé que le chevalier de Buous[4] est ici ? Je le croyois je ne sais où. Je fus ravie de l’embrasser ; il me semble qu’il vous est plus proche que les autres. Il vient de Brest ; il a passé par Vitré. Il a eu un dialogue admirable avec Rahuel[5] ; il lui fit dire ce que c’étoit que M. de Grignan, et qui j’étois. Rahuel disoit : « Ce M. de Grignan, c’est un homme de grande condition : il est le premier de la Provence ; mais il y a bien loin d’ici. Madame auroit bien mieux fait de marier Mademoiselle auprès de Rennes. » Le Chevalier se divertissoit fort.
Adieu, ma très-aimable belle, je suis à vous : cette vérité est avec celle de deux et deux font quatre.
- ↑ 10. Marin. Voyez les lettres précédentes, p. 267 et 274.
- ↑ 11. Voyez la note 6 de la lettre 342.
- ↑ 12. C’est, en changeant les deux verbes, le vers bien connu du fameux récit du Cid (acte IV, scène III) :
Le flux les apporta, le reflux les remporte.
- ↑ 13. Capitaine de vaisseau, et cousin germain de M. de Grignan. (Note de Perrin.) Voyez tome II, p. 367, note 11.
- ↑ 14. Concierge de la Tour de Sévigné à Vitré. (Note de l’édition de 1818.) On le retrouvera employé aux Rochers en 1675 et 1676.