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1673 M. de la Rochefoucauld ne bouge plus de Versailles. Le Roi le fait entrer et asseoir chez Mme de Montespan, pour entendre les répétitions d’un opéra qui passera tous les autres[1] ; il faut que vous le voyiez. Nous ne doutons point de votre congé, ni du besoin que vous avez d’être ici avec Monsieur de Marseille. Il ne vous faudra qu’un même carrosse, nous le disions tantôt. Enfin il faudroit trouver des expédients. Au moins ne négligez jamais de consulter Monsieur l’Archevêque[2] : c’est la source du bon sens, de la sagesse des expédients ; enfin, s’il n’étoit point dans votre famille, vous l’iriez chercher au bout de la Provence. Il y a des occasions où sa présence peut-être feroit un grand effet ; je suis persuadée qu’il n’épargneroit ni sa peine, ni sa santé pour vous être utile. Quand je songe que l’Évêque jette de l’argent, je ne comprends point qu’il puisse succomber. Pour la paix entre vous, je

    mis à la place : « l’armée où se trouve mon fils. » Dans l’édition de 1754, il se ravise et fait grâce au badinage, mais croit devoir l’expliquer par la note suivante (de la lettre du 1er décembre 1673) : « On sent bien que cela est dit pour se moquer d’une expression impropre qui échappe quelquefois dans la conversation. » Voyez le commencement de la lettre du 9 septembre 1675.

  1. 11. « Cet opéra était celui d’Alceste ou le triomphe d’Alcide, qui fut le premier que composa Quinault depuis qu’il avait fait alliance avec Lulli et que la salle du Palais-Royal (la salle de Molière, mort le 17 février précédent) avait été accordée à ce dernier pour son spectacle. » Voyez Walckenaer, tome V, p. 123 et suivantes. D’après Mme de Sévigné l’opéra fut joué, probablement pour la première fois, le jeudi 11 janvier suivant (lettre du 8).
  2. 12. L’archevêque d’Arles. — Les éditeurs de Rouen ont donné ici une singulière preuve d’étourderie ou d’ignorance. Ils disent en note, confondant l’oncle et le frère de M. de Grignan : « L’archevêque d’Arles, oncle de l’abbé de Grignan, est toujours nommé dans ces lettres le Coadjuteur. » — Les éditeurs de la Haye corrigent cette note de l’étrange façon que voici : « L’archevêque d’Arles, oncle de l’abbé de Grignan ; celui-ci est toujours nommé dans ces lettres le Coadjuteur. »