Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 3.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 280 —

1673


et lui, avec une application et un loisir qui ne laissoient rien à desirer, ils ont conclu qu’il falloit laisser finir le siège d’Orange, afin d’en faire une raison favorable pour rendre cette opposition odieuse, et d’attendre qu’elle soit faite, parce qu’alors il y aura assez de temps pour que Sa Majesté ordonne de délibérer. L’assemblée ne sera pas encore finie, et c’est assez. On a trouvé que d’en parler présentement, c’étoit prévenir une chose qui n’est point faite et qui ne se fera peut-être pas ; et comme l’affaire d’Orange n’est point faite aussi, la dépense qu’on y fera n’a point de forces sans le succès. Ainsi une réponse peu favorable ou indécise seroit à craindre, et dans quelques jours on tournera cette affaire d’une manière dont vous aurez sans doute toute sorte de contentement. M. de Pompone est au désespoir de l’excès de vos divisions ; il est persuadé que Monsieur l’intendant empêchera l’opposition, et qu’on laissera opiner. On ne peut pas écrire plus fortement qu’il a fait là-dessus, et même à Monsieur de Marseille[1]. Il vous veut tous avoir après l’assemblée, pour vous accorder une bonne fois. Fiez-vous à lui pour savoir[2] quand il faut ou quand il ne faut pas demander votre congé. Il ne faut pas croire qu’il fasse rien de mal à propos : il n’a jamais été prié ni pensé à remettre[3] à autre qu’à vous le soin d’ouvrir et de tenir l’assemblée ; ce sont des visions creuses. Il[4] trouve que

  1. 2. Il s’agit toujours de la demande que faisait chaque année le comte de Grignan pour l’entretien de ses gardes, et que combattaient les évêques de Marseille et de Toulon : cette année-là ils sommèrent l’intendant d’empêcher que la proposition du Comte ne fût même mise en délibération. Voyez Walckenaer, tome V, p. 51.
  2. 3. Pour savoir manque dans les éditions de 1726.
  3. 4. Cette phrase irrégulière a été corrigée dans l’édition de la Haye, qui donne simplement : « Il n’a jamais pensé à remettre aux autres (sic) qu’à vous. »
  4. 5. La lettre commence ici dans l’édition de Perrin de 1734 :