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n’aviez du blé, je vous offrirois du mien : j’en ai vingt mille boisseaux à vendre ; je crie famine sur un tas de blé. J’ai pourtant assuré quatorze mille francs, et fait un nouveau bail sans rabaisser. Voilà tout ce que j’avois à faire, et j’ai l’honneur d’avoir trouvé des expédients, que le bon esprit de l’abbé ne trouvoit pas. Je me meurs ici de n’avoir point de vos lettres, et de ne pouvoir faire un pas qui puisse vous être bon à quelque chose : cet état m’ennuie et me fait haïr mes affaires.

Bussy est encore à Paris, faisant tous les jours des réconciliations ; il a commencé par Mme de la Baume[1]. Ce brouillon de temps, qui change tout, changera peut-être sa fortune. Vous serez bien aise de savoir qu’avant son départ il se fit habiller à Semur, lui et sa famille : jugez comme il sera d’un bon air. Il s’est raccommodé en ce pays avec Jeannin et avec l’abbé Foucquet[2].

Je reçois un paquet de Guitaut : il m’envoie les nouvelles que vous aurez de votre côté. Il me viendra prendre demain ou lundi. Adieu, ma chère enfant ; puis-je vous trop aimer ? J’embrasse M. de Grignan, et je l’assure qu’il auroit pitié de moi, s’il savoit ce que je souffre de

    l’édition de 1734. Ce qui vient après se lit ainsi dans celle de 1754 : « Je suis triste à mourir de n’avoir point… Cet état n’est point supportable ; j’espère qu’il en viendra an autre. »

  1. 11. C’est elle que Bussy accusait d’avoir laissé prendre copie de l’Histoire amoureuse. Voyez la note 7 de la p. 509 du tome I, la Notice, p. 79 et suivantes, et les lettres de 1668. — « Elle m’avoit fait faire des honnêtetés auxquelles j’avois répondu. » Correspondance de Bussy, tome II, p. 303 ; mais voyez aussi la p. 315, où il la met au nombre des gens qu’il aimait peu et dont il ne pouvait soutenir la présence ; et Walckenaer, tome V, p. 63-65.
  2. 12. Sur Jeannin de Castille, voyez la note 10 de la p. 407 du tome I, et ci-dessus, p. 151, la note 1 de la lettre du 22 juillet 1672 ; sur l’abbé Foucquet, frère du surintendant, les notes 3 et 4 de la p. 406 du tome I. L’un et l’autre ont leur portrait dans l’Histoire amoureuse.