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ce voyage paroissoit au public. La vérité, c’est qu’elle avoit un procès à Dijon, qu’elle vouloit faire juger ; mais cette rencontre est toujours plaisante[1]. La Comtesse est bonne là-dessus. Il y a quinze jours qu’elle est à Époisse : elle vient de Guerchi[2]. Il y a un petit homme obscur qui dit que l’abbé Têtu serviroit fort bien d’âme à un gros corps[3] : cela m’a paru plaisant. Enfin le soir vint : après avoir admiré les antiquités judaïques[4] de ce château, elles s’en retournèrent ; elles voulurent m’emmener ; mais j’ai mille affaires ici assez importantes, de sorte que je n’irai que demain pour revenir après-demain. Nous vous écrirons tous ensemble d’Époisse. Si je vous avois amenée, vous auriez trouvé cette compagnie, qui vous auroit fort empêchée de vous ennuyer. Pour l’air d’ici, il n’y a qu’à respirer pour être grasse ; il est humide et épais ; il est admirable pour rétablir ce que l’air de Provence a desséché.

Je[5] conclus aujourd’hui toutes mes affaires. Si vous

  1. 6. Nous n’avons pas besoin de dire que tout ce passage est ironique. Mme de Sévigné, dans sa lettre du 6 avril 1672, a parlé d’un grand souper donné à Saint-Maur aux Anges (Mmes de Marey et de Grancey) par Monsieur le Duc. Le prince était gouverneur de Bourgogne (en survivance de son père), et résidait à Dijon pendant la tenue des états.
  2. 7. Terre de son gendre (entre Joigny et Auxerre), où probablement sa fille était morte l’année précédente. Voyez la note 4 de la lettre du 27 janvier 1672, tome II, p. 480.
  3. 8. L’abbé était fort maigre ; on lui fit une épitaphe qui commençait ainsi :

    Ci-gît un abbé froid et sec, etc.

  4. 9. L’expression : antiquités judaïques, figure sur le titre de la traduction de Josèphe par Arnauld d’Andilly (1666). L’alliance de ces deux mots n’est pas autre chose qu’un plaisant souvenir : on était habitué à les prononcer ensemble ; le premier a naturellement amené le second au bout de la plume.
  5. 10. Ce morceau, jusqu’à « l’abbé ne trouvoit pas, » manque dans