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a bien de l’esprit. Nous avons causé une heure ; ses malheurs et votre mérite ont fait les deux principaux points de la conversation. Il a deux dames avec lui, ses parentes, fort parées[1]. J’ai vu un moment les filles de Sainte-Marie, et Madame votre belle-sœur[2] : sa belle abbesse se meurt ; on court pour l’abbaye ; une grosse fièvre continue au milieu de la plus brillante santé : voilà qui est expédié. J’ai soupé chez le Clair avec Montreuil ; jamais il ne s’est vu un pareil festin ; j’y suis logée. Monsieur de Valence et ses nièces[3] me sont venus voir.

On dit ici que le Roi est allé joindre Monsieur le Prince. On ne parle point de la paix. Tout le cœur me bat quand j’ose douter de votre voyage[4]. Je cuis incessamment, et me passe fort bien de parler. Pour notre abbé, vous le connoissez, il ne lui faut que les beaux yeux de sa cassette[5]. J’ai une extrême envie de savoir de vos nouvelles ; il me semble qu’il y a déjà bien longtemps que je ne vous ai vue. Je suis à plaindre de vous aimer autant que je fais. Mille respects à Monsieur l’Archevêque ; embrassez le Comte et le Coadjuteur.


  1. 5. Perrin a changé la construction : « Il a deux dames de ses parentes avec lui, » et renvoyé l’épithète « fort parées » après le mot « nièces, » qui se trouve six lignes plus bas.
  2. 6. Marie Adhémar de Monteil, religieuse à Aubenas, sœur de M. de Grignan. (Note de Perrin.)
  3. 7. Les deux nièces de Cosnac devaient être Suzanne de Cosnac, morte abbesse de Vernaison, et la marquise de Cosnac, fille du comte d’Aubeterre, mère de la comtesse d’Egmont. Voyez la Notice sur Daniel de Cosnac, placée en tête de ses Mémoires, par le comte Jules de Cosnac, son arrière-petit-neveu.
  4. 8. Dans l’édition de Perrin : « quand je puis douter de votre voyage de Paris. »
  5. 9. Voyez l’Avare de Molière, acte V, scène iii.