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1673

326. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ ET À CORBINELLI.

Le lendemain du jour que j’eus reçu cette lettre, j’y fis cette réponse.
À Bussy, ce 27e juillet 1673.
à madame de sévigné.

Je reçus la lettre que vous m’écrivîtes de Grignan l’année passée, Madame, dans laquelle notre ami m’écrivoit aussi, comme il fait aujourd’hui. J’y fis réponse, et vous n’en devez pas douter[1], car vous savez que je suis homme à représailles en toutes choses : je ne sais donc qu’est devenue ma lettre. Je crois que je l’avois adressée par la poste de Lyon en Provence, sur ce que M. de Corbinelli me manda que cette voie étoit plus sûre. Cependant elle n’étoit pas si bonne que celle de Paris.

C’eût été grand dommage si Mme de Grignan fût morte en couches. Quel que soit un jour le mérite de son enfant, il ne vaudra jamais mieux que sa mère ; et pour vous, Madame, aimez-la fort pendant sa vie ; mais laissez-la mourir si elle ne s’en pouvoit pas empêcher une autre fois, et vivez, car il n’est rien tel[2] que de vivre.

Vous ne me verrez point à Bourbilly ; je vous envoie la Gazette de Hollande, qui vous en dira la raison[3] : voyez

  1. Lettre 326. — 1. Voyez les lettres des 18 septembre et 24 octobre 1672. — Dans le manuscrit de l’Institut, le premier alinéa est réduit à ces deux petites plirases : « Je reçus la lettre que vous m’écrivîtes de Grignan l’année passée, Madame, avec celle de votre ami. J’y fis réponse, vous n’en devez pas douter ; je ne sais ce qu’elle est devenue. »
  2. 2. Dans le manuscrit de l’Institut : « Il n’y arien tel. » À la ligne suivante, après Bourbilly, on y lit cette addition : « Au rendez-vous que vous m’y donnez. »
  3. 3. La Gazette d’Amsterdam du mardi 25 juillet contient, sous la rubrique de Paris (18 juillet), la nouvelle suivante : « M. le comte