Nous sommes revenues ici depuis quinze jours, et j’y serai jusqu’au mois de septembre, que j’irai à Bourbilly, où je prétends bien de vous voir. Prenez dès à présent des mesures, afin que vous ne soyez pas à Dijon. J’y veux voir aussi notre grand cousin de Toulongeon ; mandez-lui. Je vous mènerai peut-être notre cher Corbinelli : il m’est venu trouver ici, et nous avons résolu de vous écrire, quand j’ai reçu votre lettre. Vous le trouverez pour les mœurs aussi peu réglé que vous l’avez vu[1] ; mais il sait bien mieux sa religion qu’il ne savoit ; et il en sera bien plus damné, s’il ne profite de ses lumières. Je l’aime toujours, et son esprit est fait pour me plaire[2].
Que dites-vous de la conquête de Maestricht ? Le Roi seul en a toute la gloire[3]. Vos malheurs me font une tristesse au cœur qui me fait bien sentir que je vous aime. Je laisse la plume à notre ami. Nous serions trop heureux si nous le pouvions avoir dans notre délicieux château de
- ↑ 3. Ce morceau est fort abrégé dans le manuscrit de l’Institut : « Je prétends que vous m’y viendrez trouver. Je vous mènerai notre cher Corbinelli : il est revenu ici depuis huit jours. Vous le trouverez pour les mœurs aussi peu dévot que vous l’avez vu. »
- ↑ 4. Cette phrase n’est pas dans le manuscrit de l’Institut.
- ↑ 5. Le Roi avait pris le commandement à ce siége. « La place était très-forte et avait huit mille hommes de garnison ; mais Vauban fit des prodiges de science ; le Roi déploya cette vigilance, ce soin des détails, cette persévérance, qui étaient le fond de son talent, et Maestricht capitula au bout de treize jours (le 30 juin). » (M. Lavallée, Histoire des Français, tome III, p. 260.) — Dans la Gazette du 10 août on lit l’article suivant : « À Grignan, en Provence, le comte de ce nom, lieutenant général pour le Roi en cette province, fit (pour célébrer le succès des armes françaises) chanter le Te Deum, le 23 juillet, par deux chœurs de musique, dans l’église collégiale, où il se trouva avec plusieurs personnes de qualité ; et sur le soir il alluma dans la place publique un grand feu qu’il avoit fait préparer, et qui fut exécuté aux fanfares des trompettes, avec les décharges du canon. »