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1673

Je dois voir demain Mme de V***[1] ; c’est une certaine ridicule à qui M. d’Ambres[2] a fait un enfant ; elle l’a plaidé, et a perdu son procès ; elle conte toutes les circonstances de son aventure ; il n’y a rien au monde de pareil ; elle prétend avoir été forcée : vous jugez bien que cela conduit à de beaux détails.

La Marans est une sainte ; il n’y a point de raillerie : cela me paroît un miracle. La Bonnetot est dévote aussi ; elle a ôté son œil de verre ; elle ne met plus de rouge ni de boucles. Mme de Monaco ne fait pas de même ; elle me vint voir l’autre jour bien blanche. Elle est favorite et engouée de cette Madame-ci, tout comme de l’autre ; cela est bizarre. Langlade s’en va demain en Poitou pour deux ou trois mois. M. de Marsillac est ici ; il part lundi pour aller à Baréges, il ne s’aide pas de son bras[3]. Mme la comtesse du Plessis[4] va se marier ; elle a pensé acheter Fresnes[5]. M. de la Rochefoucauld se porte très-bien ; il vous fait mille et mille compliments, et à Corbinelli. Voici une question entre deux maximes :

« On pardonne les infidélités, mais on ne les oublie point. »

« On oublie les infidélités, mais on ne les pardonne point[6]. »

  1. 3. Dans la première édition il n’y a que la première lettre du nom ; dans Grouvelle et dans la plupart des éditions suivantes : Mme de Vill…
  2. 4. Voyez la note 4 de la lettre 144.
  3. 5. Voyez la lettre du 17 juin et la lettre du 27 juin 1672, p. 108 et 128.
  4. 6. Voyez la note 14 de la lettre du 30 décembre 1672.
  5. 7. Voyez tome l, p. 439, note 3.
  6. 8. « La Rochefoucauld avait déjà inséré dans la troisième édition (1671, no 330) cette maxime : On pardonne tant que l’on aime. Il ne parlait nulle part, dans cette édition, de l’infidélité entre amants. Dans la quatrième, il n’inséra aucune des deux maximes que rap-